Il semble qu’aujourd’hui il soit impossible d’ouvrir un magazine traitant d’informatique ou de jeter les yeux sur un article sans qu’il soit question d’infonuagique. Comme si ce n’était pas suffisant de rendre l’informatique atmosphérique, on en rajoute en nous proposant plus de « services » et d’espace disque qu’il en a fallu pour permettre à l’homme de marcher sur la lune, et tout cela gratuitement !
Mais toute cette capacité de calcul et ces Giga Octets de stockage gratuits le sont-ils vraiment ? Comme la théorie économique vous l’a appris « rien n’est jamais gratuit », alors, où est l’attrape ?
Tout le monde sait que Gmail, ce merveilleux service de courriel gratuit offert par Google, analyse systématiquement le contenu des courriels échangés afin de vous proposer des publicités ciblées… yukk! Bien sûr, Google tire des revenus faramineux de la publicité, et la publicité ciblée rapporte encore plus.
Mais qu’en est-il des services de stockage et de partage de fichiers gratuits tels que Skydrive, Google Drive, Drop Box, Box, Sugar Sync et Mega ? Comment arrivent-ils à soutenir la guerre impitoyable que ces services se livrent en termes d’espace disque ? Par exemple, Mega, un service de stockage de fichier nouvellement mis en ligne par le flamboyant Kim DotCom en Nouvelle Zélande, offre 50 GO gratuitement alors que la moyenne du marché est autour de 5 GO.
Pourtant, M. DotCom nous assure que Mega est un site très sécuritaire, qui préconise le respect de la vie privée de ses clients. Il est vrai que Mega utilise une stratégie de génération de clé et des principes cryptographiques qui ont le potentiel d’assurer une certaine confidentialité aux clés maîtresses générées aléatoirement lors de l’inscription ainsi qu’aux secrets et aux fichiers qui en dépendent. Mais qu’en est-il réellement ?
Bien que certains de ces services aient connus divers problèmes de sécurité ou de fiabilité bien documentés, le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils commencent à faire partie des habitudes de plusieurs d’entre nous. Toutefois, avant de confier nos secrets les plus intimes à l’un ou l’autre des services gratuits on doit se poser quelques questions ou se résigner aux conséquences.
Par exemple, voici les questions que je me pose avant de confier mes trésors numériques à quelque service que ce soit : « Est-ce que je peux vivre avec l’impact ou le désagrément…» :
- Si le contenu des fichiers déposés est analysé de sorte à en extraire des données servant à alimenter le monstre de la publicité ciblée ?
- Si le contenu des fichiers déposés est divulgué à d’autres parties ?
- Si les fichiers que j’ai déposés disparaissent ou le contenu devient corrompu ?
Si vous êtes plus que légèrement inconfortable avec l’une ou l’autre des éventualités ci-dessus, vous avez deux choix : ou vous cherchez une solution qui offre les garanties de confidentialité et de robustesse suffisantes, ce qui risque fort de ne se trouver que dans une solution commerciale, ou vous acceptez les conséquences, en vous disant que les chances sont faibles que le pire vous arrive. C’est essentiellement une question classique de tolérance au risque.
Personnellement, je n’ai aucun problème à confier mes documents numériques personnels à des services gratuits réputés, mais pour les données d’affaires, c’est tout autre chose.
Bonne navigation dans les cumulo-nimbus informatiques!